En règle générale, chez nous, c’est le seul endroit où l’on est certain de pouvoir se rendre sans aviser qui que ce soit, c’est là où on se sent bien; où, entouré de ses proches on peut candidement évoquer le passé et envisager l’avenir … Lequel d’entre nous peut encore, sans hésitation aucune, répondre à cette question: aujourd’hui, chez nous, c’est où ?
D’autres, tels nos compatriotes migrants, pourchassés à la frontière del rio au Texas et beaucoup d’autres encore, ont cru avoir trouvé la réponse… Malheureusement, nous ne sommes pas juifs et aucun de nos Moïse ne pourra assécher les mers pour que nous entrevoyons la terre promise.
Il est admis que nos crises successives sont la résultante inéluctable des mauvaises décisions de nos dirigeants … mais il faut souligner à l’encre forte qu’aucune des solutions adoptées pour tenter de les résoudre n’aura été Haïtienne; alors, si aujourd’hui, encore, nous attendons le mot du blanc, faisons au moins l’économie des inutiles et déshonorantes rencontres avec les émissaires qui, tels des apôtres, nous dictent les commandements reçus et dont les témoignages d’indignation et de pitié de certains à notre égard rendent plus insuportable encore, le coup porté à notre dignité de peuple.
L’histoire sera interprétée par ceux qui la liront et le jugement des générations sera implacable et impitoyable envers nous puisqu’elles ne trouveront aucune page portant mention d’une quelconque mainmise ou de diktats des étrangers que nous accusons également de tous nos malheurs; les documents ou accords de concession ont tous été rédigés et signés par ceux des nôtres qui prétendaient faussement nous défendre …
Souvenons-nous de cette fameuse phrase du sénateur Dupiton: » je ne suis ni pour ni contre, bien au contraire » comprenez par là
» en attendant que l’on me dise quoi faire, » et aujourd’hui, encore, surtout sachant que le ridicule ne tue pas, nous improvisons et avons vidé tous nos asiles de fous qui, soudainement libérés, se sont empressés de se muer en politiciens pour proclamer la première république de wanament (ouanaminthe).. En réponse sans doute aux caciquats de tibwa, gran ravine, torcel, villaj de dieu, simon pele, drouillard, terre noire, 400 mawozo, g9 fanmi e alye, martissant, jalousie, et j’en passe…dont les revenus sont constitués par les rançons versées contre libération suite aux séquestrations et autres rapts, par le cachet pour les exécutions, les redevances des marchandes et commerçants, la saisie des camions citerne et, pas des moindres, les contributions volontaires de certains membres du secteur des affaires …..
Il est intéressant ici de rappeler que jusqu’en 1994, pour 11 millions d’habitants, le budget national alloué à la sécurité était de $1,49 par habitant et le travail effectué par 6000 militaires et 2000 employés civils y incluant les chefs de section….aujourd’hui, pour 13 millions moins les migrants, 20 mille policiers et 7 pénitenciers supplémentaires, après 2 interventions de l’armée américaine, 23 ans de support des nations unies. Le budget alloué à la sécurité de chaque habitant est de $22,35 pour les résultats que nous vivons …!
En fin de compte, il est légitime de se questionner sur lesquels d’entre nous sont les véritables fous, les illuminés qui proclament leur propre République, les voyous qui assassinent, volent, violent, violentent, séquestrent et pillent, les politiques qui s’exercent à la courbette, les émissaires qui dictent leur vision de nos choses ou alors NOUS qui acceptons tout sans broncher sous le prétexte de cette définition cuirassée de peuple résilient ?
Cette résilience dont on m’affuble ou dont nous nous enorgueillissons, je n’en veux plus ,je refuse aussi que l’on me suggère à l’oreille l’avenir de mes fils, tout comme je rejette les propositions faites par ceux-là mêmes qui sont les responsables de cet épisode macabre .En échange, je persiste à croire que si nous y mettions le prix et acceptions les sacrifices, nous pourrions encore construire notre chez nous, ce chez nous d’où, plus jamais, les nôtres ne voudrons repartir; là où nous serons bien ensemble à commémorer le passé et discuter de l’avenir
Chez nous, avec notre armée, notre police, notre parlement, notre société toutes tendances, classes, secteurs confondus ..
….Chez nous, c’est finalement d’abord dans nos coeurs… Alors, construisons cette partie de l’île et élisons-y domicile ….!