L’humoriste que j’ai été, sur scène, n’aurait jamais couru le risque de conter les mêmes histoires, aussi drôles fussent-elles, de peur que le public ne s’en lasse. J’ai longtemps cru, espéré également, je l’admets, que nos politiciens auraient eu le même réflexe mais, malheureusement, dénués du sens du ridicule, ils reprennent, avec panache et sans vergogne, les mêmes discours .. surannés, usés, rabachés… tout en sachant que le résultat sera identique …

Les aspirants se reposent…

Les opposants s’opposent …

Les militants s’interposent …

Les incrédules proposent …

Nos valeurs ne sentent plus la rose…

Notre dignité est en mode pause…

Et notre lamentable histoire récente ne se décline, malgré tout, que presqu’en prose …

Comprenez que je ne cherche qu’à atténuer l’horrible douleur de cette terrible descente aux enfers ….

et, si je n’y suis pas arrivé, c’est que tel un cancer, la désillusion ronge mon âme …et les anti-corps que sont la colère et la révolte, s’affaiblissent, me laissant seul face à ma conscience .

……Il fait nuit dans mon cœur et je désespère d’être secouru …

… Où sont-ils ? Celles et ceux de cette jeunesse qui restent notre seul espoir. 

Où diantre sont-ils donc ??? 

J’ai besoin de leur dire … j’ai besoin de me nourrir de leurs rêves … j’ai besoin des exigences de mes fils … Il faudra qu’ils m’oxygènent;

J’ai besoin d’eux à mon chevet .. Je suis, moi aussi, Hayti et je ne peux pas mourir …

L’ETAT n’appartient à aucun gouvernement, aucun ministre, aucun parti politique, aucun groupe d’intérêts, aucun clan; nul ne peut revendiquer l’exclusivité de sa gestion.

L’ETAT est le fruit d’un accord conclu entre les différentes communautés partageant un territoire commun et,c’est le respect des termes et conditions clairement définis dans l’accord qui permettra à l’ensemble des communautés de s’élever au rang de NATION ou, le cas échéant, de confirmer leur statut de TRIBU. 

Il appartient donc à chaque citoyen, à travers ses représentations respectives, de prendre charge  de L’ETAT. 

Nous reconnaissons la responsabilité des dirigeants relative à la situation de précarité de nos institutions cependant, puisque ce sont nos vies et nos biens qui sont menacés, nous ne pouvons nous contenter du prétexte de la responsabilité de l’ETAT, pour nous démettre de notre obligation d’implication.

Au terme d’une révolution, la victoire ne se mesure point aux faits d’armes mais plutôt par l’intensité du réveil des consciences qu’elle a su réveiller. Winston Churchill ne disait-il pas : »il ne faut jamais gaspiller une bonne crise » !

L’effritement de notre police nationale et l’agonisante résurrection de notre armée, préoccupent toute la population. L’insignifiante importance que semble leur avoir témoignée nos dirigeants ne nous rassure pas non plus et nous invite à redouter une issu similaire à celle

de la démobilisation des forces armées d’Haïti en 1995 

Nous savons nombreuses les initiatives individuelles en support à la PNH… nombreuses mais inefficaces puisque prisent hors des cadres et prescrits institutionnels, prêtant donc le flanc aux interprétations de tentatives de corruption ou de vassalisation au profit de particuliers ou de groupes d’intérêts.

Aux fins de prévenir celles-ci, tout en encourageant les initiatives individuelles  associatives ou institutionnelles en support à ces institutions responsables de la sécurité de nos vies et biens, « L’association militaire d’Haïti « et la plateforme de surveillance et de propositions citoyenne, « Hayti je m’engage « , se proposent  comme passerelles, avec pour mission de s’assurer de l’utilisation rationnelle et cohérente des supports octroyés.

Il est, de notre point de vue, tout-à-fait contreproductif de s’attendre à être protégé par ceux et celles dont la situation ne suscite chez nous qu’une indifférence affichée et un mépris évident et, s’il est correct de dire que le respect et la confiance se gagne, il est tout aussi vrai que la société a le devoir de créer l’environnement propice à l’établissement d’un climat de confiance réciproque.

Nous souhaiterions que le projet pilote concernant la police de Pétion ville et pour lequel nous sollicitons une participation citoyenne, servira d’exemple à d’autres communes. 

Pour œuvrer à ce mieux-être collectif auquel nous aspirons fortement tous, l’AMIDH et l’HJM réitèrent leur appel au sacrifice citoyen nécessaire à la construction de l’État Nation !

Par delà les vicissitudes inhérentes à tous agrégats humains, par delà les rivalités particulières et l’hypocrisie endémique chez les politiques, nous avons l’obligation de dépassement et le devoir de contribuer à la construction de notre état nation… Les sacrifices à consentir engendreront frustrations, dégoûts et découragement… Nous éprouverons souvent le sentiment d’avoir échoué ou de ne pas avoir ce qu’il faut ….et, à chaque fois que ce sera le cas, rappelons-nous que nous sommes 13 millions … et que, parmi nous, il n’y aurait, tout au plus, qu’un demi million d’idiots apatrides… Et qu’à ces laquais, nous ne concédons que des victoires éphémères, gagnées durant notre trop longue pose citoyenne …Être courageux ne suggère nullement l’ absence de la peur …mais notre capacité à la surmonter …

Ces derniers jours, il est difficile de rédiger un texte à propos de notre situation sans encourir le risque d’être pris en otage par des groupes d’intérêts qui, suivant leur interprétation, décideront de mon appartenance… S’ils en déduisent que j’ai été pour, ils m’accuseront d’indécente hypocrisie.. S’ils me perçoivent comme contre, je serai pointé du doigt .. Cependant, n’étant pas de nature à me positionner, souffrez que je partage, avec mes lecteurs, ce qui suit:

On pourra tout reprocher au défunt président  Jovenel Moïse :

son  incapacité à s’élever au niveau de la fonction de chef d’état ;

sa partialité, sa haine mal contenue contre certains compatriotes;

son entêtement infantile;

 …. et j’en passe !

Mais personne ne pourra lui ôter sa témérité et son courage !

Nombreux sont ceux qui ont souhaité son départ  avant l’échéance du 7 février 2022. Il était toutefois impensable d’envisager de ficeler et de mettre à exécution un assassinat dans de telles conditions …

Les notes de sympathie à son égard ressemblent plus à des déclarations de distanciation à l’acte, qu’à de réels témoignages de regrets…. Du 7 au 14 juillet, déjà 7 jours d’écoulés et toujours, aucune veillée funèbre, aucune banderole « nous sommes Jovenel », aucune marche silencieuse, aucune cérémonie religieuse annoncée par les différents cultes …

La défaite de l’équipe brésilienne semble avoir ravit toutes les larmes destinées au chef de l’État. En lieu et place d’une minute de silence, les héritiers du pouvoir ont demandé le calme. J’ai presque cru qu’ils invitent à un exercice de yoga ..

 Un dignitaire, en fonction, confirmera pour nous la portée mystique du drame. La photo du président  accrochée au mur aura été décrochée  par les esprits, le forçant à conclure: « tè a kontan », traduisant ainsi ses plus profonds sentiments … L’enquête éclair, menée tambour battant, aura conclu à la participation d’un commando d’étrangers…

Quant au premier auteur intellectuel présenté,  le docteur Sanon ? C’est un sombre petit mafieux, un escroc minable de bas étage, auteur de plusieurs arnaques pourries, bien connu des services de police et ne pouvant, en aucun cas, prétendre à autre chose que de servir de messager et de “tioul”. D’ailleurs, il n’existe, dans aucune histoire de l’humanité et dans aucun pays du monde, un parfait inconnu du public, à penser pouvoir occuper la chaise présidentielle à l’issue d’un coup d’État !

L’assassinat d’un chef d’état est, en général, un acte perpétré par des secteurs d’intérêts tout à fait inaccessibles à la justice des hommes : les meurtres de Abraham Lincoln … John Fitzgerald Kennedy ..Vilbrun Guillaume Sam …ont tous été   perpétrés par des sous-fifres au mental perturbé  ou par des idéalistes extrémistes. 

Pour Jovenel, qui seront ces malades qu’on nous présentera comme boucs émissaires ???

Et je repense encore à la scène mythique décrite par Jean Yanne … 

Quand les gens du  peuple baissent les yeux en notre présence, nous croyons que c’est par respect, mais si nous y prêtions bien attention, nous comprendrions que c’est plutôt parce  qu’ils se seront fait tatouer MERDE sur les paupières en espérant que nous saurons le lire …

Revenons au présent qui, inévitablement, dictera le futur …

 L’un des derniers décrets pris par le président défunt et publié au journal officiel, accorde décharge pleine et entière aux anciens ministres. Dans tout autre circonstance, nous devrions conclure à un acte correct ou à un geste magnanime … mais le doute, toujours ce fameux doute, sur l’éventualité d’une mesure prise pour favoriser un adversaire à l’ancien président  Michel Martelly, en l’occurrence monsieur Laurent Salvadore Lamothe, détruit la valeur symbolique de ce geste et nous invite à poser certaines questions, notamment celles-ci: 

Monsieur Lamothe serait-il déchargé de ses responsabilités pour tous les postes qu’il a occupés, savoir affaires étrangères, planification et primature ???

De ce fait, les plaintes à l’encontre des gestionnaires ou bénéficiaires des fonds petro caribe, sont-elles, ipso facto, frappées de nullité   radicale ou deviennent-elles des inutilités ??  

Nos donneurs d’ordres, amis, de l’international et nos dirigeants, leurs exécutants, encore et toujours les mêmes aux faciès différents, nous trouveront-ils, avec la même célérité que pour Jovenel Moïse, les assassins de Jean Dominique, Brignol Lindor, père ti Jean, les frères Izmery et ceux des 1000 autres innocents lâchement assassinés ???

Notre secteur privé des affaires comprendra-t-il enfin qu’il devra fusionner ses clans et investir d’abord dans le sens des intérêts de toute la population avant de prétendre au bénéfice  d’ un climat sécuritaire ?

D’après certains spécialistes, les lois et les meilleures mesures économiques ont été prises sous le général Président Prosper Avril et également sous le gouvernement de Gérard  Latortue. Assurons-nous de leurs applications : Education … Formation professionnelle 

Inclusion financière …. Modernisation ingénierie sociale ….devraient constituer nos principales préoccupations.

La société civile, Nous … devons prendre charge et décider d’une feuille de route  imposable à tous les prétendants à la gouvernance du pays … Ce projet Hayti, concevons-le nous-mêmes, in proprio ! 

Et cessons de repasser nos mouchoirs pour pleurer nos compatriotes innocents ….

Si même ce dernier drame ne nous réveille pas de notre torpeur et de notre apathie, il faudra nous rendre à l’évidence que nous sommes tous des suicidaires ….

Toute épreuve, aussi douloureuse soit-elle pour un pays, devrait être une opportunité.  Nous avons, parmi nous, des femmes et des hommes de compétence et de moralité indiscutables, capables de prendre charge du chantier de cette Haïti que nous voulons pour nos enfants et que nous devons à nos pères… Le sang des innocentes victimes a humidifié les tranchées pour que nous enfouissions nos désaccords  et entamions le coulage du socle de la NATION HAÏTIENNE….